Non, nous ne sommes pas toutes et tous dans le même bateau. Tout au plus sur le même océan, et encore, certains sont au coeur de la tempête quand d'autres pensent qu'elle est encore loin.
Mais clairement, notre bateau n'est pas le même, et il est important de se le rappeler.
Certain-e-s ont des yatchs de luxe, tout inclut même le majordome. D'autres ont des barques vermoulues, moisies. D'autres en fait n'ont même pas de bateau, tout au plus un gilet de sauvetage.
Certain-e-s sont deux sur un bateau de plaisance de 180m, d'autres sont 10 dans un canoé, en étant la seule personne sachant ou étant en forme pour tenir la pagaie...ou la pagaille.
Certain-e-s ont des équipages en forme et expérimenté, d’autres sont accompagnés de leur vieille grand-maman, de leur conjoint-e malade, d’un enfant en situation de handicap, de 3 enfants en bas âge…. D’autres sont tout seul sur l’infini de l’océan et ça leur pèse tellement, qu’ils se demandent comment flotter encore.
Certain-e-s ont le téléphone satellite pour appeler leurs proches, d'autres n'ont que le morse.
Certain-e-s ont le GPS dans leur langue pour se diriger, d'autres galèrent avec une carte du ciel en latin et un sextant rouillé et imprécis.
Certain-e-s ont pu s'amarrer dans la crique, avec la terre bien en vue et la certitude de rapidement reprendre toutes leurs activités comme avant, d'autres se sont pris sur la coque le ressac de la pauvreté financière ou culturelle, et se demandent encore comment ils vont finir par accoster, et ce qu'il leur restera dans les cales.
Certain-e-s avait déjà un coffre rempli d’écu et de pierres précieuses, de bons vins et de jambons, d’autres raclaient déjà les fonds de tiroirs pour trouver quelques grains restant pour le pain.
Certain-e-s ont des livres pour agrandir l'horizon et plus d’écrans que d’habitants. Ils ont des ponts pour prendre le soleil, des fenêtres dans les cabines des matelots. Ils peuvent même avoir des portes-avions pour s’envoler et voir la terre d’un peu plus haut. D’autres s’ennuient, se sentent vides, sans rien à faire de concluant pour se sentir vivant d’autres que le visionnement de TV/radio-poubelles, dans le noir confinement de leur mini cabine.
Certain-e-s se sentent en sécurité, soutenu-e-s par leur équipage ou leur capitaine. D’autres vivent de la violence, de la négligence et se sentent piégé-e-s dans leur sous-marin.
Certain-e-s font partie d’une armada, une flotte contenant des vaisseaux de ravitaillement, des bateaux sanitaires et des capitaines de frégates qui voient l’horizon. D’autres vivent dans un marasme, avec des capitaines plus occupés à sauver leurs navires ou leur trésor qu’occupés à la santé de la marine.
Certain-e-s ont pris des cours de natation survivaliste, d’autres ont peur de l’eau, ne savent pas nager et sont angoissés.
Alors avant de juger, de critiquer les autres, leurs actions, pensez que la mer se compose de milliards de métaphores.