Je suis arrivée à un point où mon livre est acheté… pour lui-même. Et c’est fascinant. D’autant plus que j’ai l’opportunité, grâce à des séances de dédicace, de discuter avec les futurs lecteurs. Futurs parce que souvent, c’est la couverture, le résumé ou ma présence qui font que la personne a envie de l’acheter; encore personne n’est venu expressément pour moi en sachant que j’y étais.
Alors, pour faire la meilleure dédicace possible, je leur demande pourquoi ils ont choisi mon livre et pour qui. Découvrir les raisons, c’est comme voir le projecteur principal se détourner du devant de la scène pour se réfugier sur un petit coin au fond, inaperçu et qui attendait patiemment son moment pour exister. Bien sûr, étant en dédicace en France, certains sont interpellés par le Québec. D’autres par le voyage, mais rarement par ce mal-aimé hiver. Cependant les plus belles raisons ont été autres. Cette femme généreuse, qui cherchait un cadeau pour sa mère vivant avec Alzheimer : des lettres courtes, aucun personnage à retenir qu’un Vous nébuleux, des sujets divers et variés qui ne nécessitent pas qu’on se souvienne de ce qu’on vient de lire. Bref, une éphémérité appropriée, pour une personne de l’instant. J’ai aussi vu un monsieur tourner autour de ma table plusieurs fois : sa recherche du cadeau parfait semblait longue. Mais quel humour dans ses choix de livres, j’aurais voulu le connaitre avant : plusieurs de ses cadeaux auraient été parfaitement transposables à mes connaissances. Puis épuisé de l’intensité de sa quête, il arrive devant ma table et dans un soupir satisfait me lance : « Voici, le dernier est pour moi! ». L’ayant découvert en rayon, il était attiré par la reposante atmosphère contemplative induite par mon écriture.
Voir que la forme puisse plaire autant que le fond, est un cadeau inestimable pour moi.
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​D’ailleurs, tout ceci me remémore mes 2 premières critiques de blogueuses (à lire ici et ​​icitte) : étrange sensation d’un inconnu familier; je lisais ce qu’elles avaient aimé et compris de mon roman avec la fascination de découvrir une écriture distincte tout en ressentant l’impression de mon intimité dévoilée. Quel ravissement perturbant de voir qu’autant de nous même puisse transparaitre dans notre écriture, qu’on puisse dire tellement sur soi en ne se racontant pas.
La plupart de ces livres ont été achetés par ou pour des femmes. Je n’écris pas exclusivement pour des femmes, j’écris toujours pour de parfait inconnus, comme Vous.